Dernière mise à jour 11 mai 2019
Au début de leur utilisation, les sous-marins sont classés comme torpilleurs. Ce n'est que le 6 mars 1906 [19 mars dans notre calendrier], avec la création de l'arme sous-marine, qu'ils seront dénommés sous-marins par la marine russe.
Type 27V alias Holland 27V ou Type 13
Le diagramme ci-dessous montre qu'à l'évidence, le concept n'a pas connu le succès escompté, probablement du fait du faible niveau technologique de l'époque. Le Koshka et le Tselim ne sont pas mentionnés, puisqu'il n'ont pas eu une existence opérationnelle significative.
Le diagramme ci-dessous montre que dans cette catégorie, peu de classes ont survécu au premier conflit mondial et à ses suites. Pour l'anecdote, on pourra noter que seuls deux projets d'origine étrangère passeront ce cap, l'une des unités du Type AG, l'AG-24, participant même au second conflit mondial, avec 17 missions opérationnelles tout de même.
Cette catégorie de sous-marins a mieux survécu à la révolution bolchévique, mais elle ne dépassera pas la première année du conflit germano-soviétique.
Le Krab, premier sous-marin spécifiquement dédié au mouillage de mines, a trop longtemps connu des faiblesses de propulsion pour espérer durer longtemps. Le Yorsh aura une vie opérationnelle plus longue.
Diagramme n°4
Quoique l'arme sous-marine ait été officialisée le 19 mars 1906, la croissance du nombre d'unités mises en service est faible. Ces admissions au service actif sont nulles en 1910, 1912 et 1913. Il faut attendre le début de la 1ère guerre mondiale pour que ce nombre augmente fortement. Il atteint son apogée en 1916. Le tonnage unitaire reste médiocre, et ne connaît également un accroissement qu'à partir de 1915 pour rester quasiment stable jusqu'en 1917.
Que peut-on en retenir ? Tout d'abord que quoique figurant parmi les nations pionnières, la Russie n'a semble-t-il pris conscience des possibilités de cette arme que peu de temps avant le premier conflit mondial. L'effort qui se concrétise à partir de 1915 est trop tardif. L'évolution du tonnage moyen montre un intérêt plus marqué pour des sous-marins de plus fort tonnage à partir de la même date, et donc mieux à même de mener des missions lointaines.
On pourrait y voir deux causes. La guerre russo-japonaise a incontestablement laissé des traces dans la stratégie russe, et le blocus subi à Port-Arthur est un échec qui ne doit pas se reproduire devant Saint Petersburg et Sebastopol. D'où l'intérêt pour un grand nombre de submersibles capables de protéger l'accès à ces places fortes. L'accroissement ultérieur du tonnage est de son côté plutôt la conséquence d'une meilleure maîtrise de l'outil, avec des équipages plus expérimentés et mieux à même de mener des missions à plus grande distance dans des mers fermées. Les missions à l'extérieur des mer Baltique et Noire ont été très rares, sinon exceptionnelles.
69 sous-marins sont admis au service durant cette période, 54 construits en Russie, 11 aux États-Unis, 4 en Allemagne et 1 en Italie. Pour les 54 construits en Russie, 17 d'entre eux sont de conception américaine. Le diagramme ci-dessous montre bien que ce n'est qu'à partir de 1915 que la construction russe sur plans russes prend vraiment le dessus sur les constructions étrangères ou sous licence. Si l'on excepte l'unique livraison italienne de 1917, toutes les unités sont construites exclusivement en Russie dès 1908.
Les livraisons par année sont consultables ici
Huit sous-marins sont perdus au combat, deux sur tempête. Les forces de l'Entente en ont sabordé 13 (en 1919, en quittant Sebastopol) et les Allemands en ont démantelé sept. Enfin, quatre trouvent refuge à Bizerte et sont démantelés en France. Trente tombent aux mains des Rouges.
Plusieurs réalisations techniques importantes apparaissent déjà au cours de cette période, et certaines vont sous-tendre toute une ligne d'évolution par la suite.
- le Krab de 1915 est le premier sous-marin au monde à disposer d'un système de mouillage de mines, équipement qui sera rapidement copié par les autres marines;
- le Tselim de 1903 fait déjà appel à un tube d'air spécifique pour l'alimentation en air du moteur à explosion en immersion. Ce dispositif est repris par le Keta en 1904, ce qui lui permet de naviguer jusqu'à 8 m de profondeur et de ne faire appel qu'à ce que les Russes nomment une propulsion" unique", c'est à dire utilisant exclusivement un ou des moteurs à explosion, sans moteur électrique en plongée. Le Pochtoviy de 1909 reprend cette disposition en l'améliorant, avec des réservoirs d'air pour alimenter le moteur en fonction en plongée. Il est aussi équipé d'une pompe destinée à refouler les gaz d'échappement à l'extérieur. Cette propulsion "unique" deviendra par la suite un axe de recherche important qui perdure jusqu'au projet 615 / A615 du milieu des années 50.
- dès 1909, le Minoga inaugure l'architecture de propulsion hybride Diesel-électrique qui deviendra la règle pour les sous-marins classiques du monde entier. Il est néanmoins précédé par l'Aigrette français.
Les limitations les plus sévères rencontrées pendant cette période découlent de l'incapacité de production de moteurs Diesel puissants et fiables par l'industrie nationale. La rupture avec l'Allemagne en 1914 obère ainsi les capacités de nombreux projets, qui devront être équipés de moteurs souvent mal adaptés. La qualité des batteries constitue un autre points faible, que l'on retrouvera jusqu'au cours du second conflit mondial. Les périscopes sont le plus souvent de construction étrangère, allemande notamment.
Enfin, la dépendance vis-à-vis d'une ingénierie étrangère (États-Unis, Allemagne, France...) est très forte.
1904 8 février attaque surprise de Port Arthur par le Japon
première affectation d'un sous-marin en flotte du Pacifique, le Delfin
1905 28 avril 1er engagement de navires japonais par le Som au large de Vladivostok
27 - 28 mai bataille navale de Tsushima
septembre traité de paix russo-japonais
1906 19 mars création officielle de l'arme sous-marine
1907 28 novembre essais de navigation à l'immersion périscopique par conditions de glaces faibles par le Shchuka (classe Som)
1908 19 décembre le Kefal (classe Osëtr) est le premier sous-marin au monde à faire une plongée de 1 h 32 sous la glace, parcourant ainsi 4 nautiques
1909 12 juin abordage du Kambala (Type Karp) par le Rostislav (20 disparus). 1er accident de cette importance en Russie
1909 - 1910 première production mondiale d'un téléphone acoustique sous-marin mis au point par l'ingénieur R. G. Nirenberg. Il équipe plusieurs sous-marins, navires de surface et stations côtières
1913 18 mai le Beluga (classe Som) procède à des essais d'approvisionnement en air depuis la surface, simulant un sous-marin en difficulté
1914 1er août début de la 1ère guerre mondiale
8 novembre 1ère attaque à la torpille d'un bâtiment ennemi par l'Akula à l'immersion périscopique
1915 premiers essais d'un téléphone acoustique sous-marin par le Morzh (classe Morzh)
26 mai essai d'un tube d'air pour l'alimentation des moteurs Diesel de l'Akula à l'immersion périscopique
1917 15 mars abdication du tsar Nicolas II
premier gouvernement provisoire russe
7 novembre prise du pouvoir par les bolchéviques