Dernière mise à jour: 21 décembre 2023
Surnom russe: Avtomati (les Automates)
La finalité de ce projet consistait à mettre en ligne des sous-marins d'attaque de petite taille, très rapides et capables de plonger à des profondeurs jusque là jamais atteintes par des sous-marins opérationnels.
Il faisait appel à plusieurs solutions techniques innovantes: coque épaisse et hélice en titane, réacteur avec fluide caloporteur à base de métal liquide, très forte automatisation, avec capacité de télécommander toutes les fonctions, réseau électrique en 400 Hz pour réduire la taille des équipements électriques, capsule de sauvetage ...
L'idée d'un tel sous-marin débute en mai 1958, avec la mise sur pied d'une équipe technique au sein du SKB-143. En mars 1959, la direction de l'équipe est confiée à l'académicien A.P. Aleksandrov. Les grandes lignes et les performances attendues sont figées en décembre 1959. L'adoption d'une coque en alliage de titane est prise en avril 1960. Le projet de sous-marin rapide (vitesse 45 noeuds en plongée, immersion maximale de 500 m, tonnage de 1500 t, équipage limité à 15 h ...) est adopté le 23 juillet 1960, après de vives discussions. Il l'emporte avec l'appui de l'amiral Gorshkov, du ministre de la construction navale Butoma et du secrétaire du Comité Central. Sa grande vitesse devait lui permettre d'échapper aux torpilles adverses tout en lui permettant de trouver une meilleure position de lancement. Très manoeuvrant, il devait mener des missions de destruction des sous-marins adverses en effectuant des allers retours entre la zone d'action et sa base. Cette même année, les travaux de conception de l'ensemble propulsif débutent.
Dix variantes sont étudiées (réacteurs nucléaires de divers types, puissance de 30 à 60 000 Cv, tonnage de 995 à 1520 t etc...).
Caractéristiques |
Variante |
|||||||||
1 |
2 |
3 |
4 |
5 |
6 |
7 |
8 |
9 |
10 |
|
Déplacement (t) |
1420 |
1420 |
1220 |
1220 |
1100 |
995 |
1330 |
1245 |
1516 |
1520 |
Longueur hors tout (m) |
54 |
54 |
48,8 |
48,8 |
48 |
44,5 |
48,8 |
51,5 |
56 |
56,8 |
Largeur (m) |
7,5 |
7,5 |
7,5 |
7,5 |
7,1 |
7,1 |
7,5 |
7,4 |
7 |
7,5 |
Hauteur de la coque (m) |
7,5 |
7,5 |
7,5 |
7,5 |
7,1 |
7,1 |
7,5 |
7,4 |
7 |
7,5 |
Hauteur totale (m) |
10,5 |
10,5 |
10,5 |
10,5 |
9,7 |
9,8 |
10,5 |
9,6 |
10,1 |
10,5 |
Volume des tranches "mécanique" (m3) |
635 |
740 |
440 |
538 |
500 |
370 |
477 |
600 |
610 |
517 |
Volume des tranches "manoeuvre" (m3) |
243 |
167 |
237 |
164 |
143 |
143 |
239 |
100 |
275 |
214 |
Masse des installations "mécanique" (t) |
553 |
553 |
384 |
384 |
310 |
239 |
384 |
400 |
630 |
Inc |
Les premières esquisses sont proposées en janvier 1961, et gelées en mai 1961. Le 25 mai, le Comité Central fixe les caractéristiques suivantes: tonnage de 1600 t en surface, vitesse de 43 à 45 noeuds, six tubes de 533 mm avec une réserve de 18 torpilles, équipage de 15 hommes, immersion maximale 400 m, réserve de flottabilité de 16%. Ce qui contraint au choix d'un réacteur à métal liquide, plus compact et moins lourd qu'un autre type. En mai 1962, les travaux de définition technique sont entamés, et s'achèvent en octobre. La maquette en bois des aménagements intérieurs est terminée en mars 1964, ce qui permet de lancer la construction de la première coque en 1965.
Les premiers équipages sont formés à partir de 1963.
La sous-variante 705K se distingue par un déplacement plus faible de 5 t, tout en ayant une coque épaisse légèrement plus courte, et partant une longueur générale diminuée. Tout ceci provenait d'un réacteur et de générateurs de vapeur de modèles différents, avec un impact sur la 4ème tranche. Pour ce faire, deux couples avaient été supprimés. L'initiative de cette version repose sur le bureau Gidropress pour cette installation propulsive différente.
En parallèle avec le système propulsif, il convenait de réfléchir à l'équipement acoustique d'un sous-marin de l'ordre de 2300 t, les sonar MG-20 Kerch et MGK-300 Rubin étant de taille trop importante. Plusieurs instituts vont être impliqués dans ces études comme l'Institut de l'Acoustique, le NII-14, le NII-24, l'Institut de l'Automatisme et de Télématique, le TsNII Krilov, le SKB-143 et des dizaines d'autres organisations. L'ensemble va être dénommé Okean (MGK-1000 par la suite), avec une composante passive Enisseï (MGK-1001 par la suite). En 1960, un groupe de travail, composé en majorité de spécialistes de Morfizpribor est créé. Une fois le système conçu, le système est installé sur le B-89 de la classe AV611E en flotte du Pacifique.
Toutes les unités ont été intégrées à la 6ème diviziya de la 1ère flottille de sous-marins de flotte du Nord pour leur carrière active. Ils y ont accompli 34 missions opérationnelles. En mai - juin 1970, les essais sont achevés
Le cycle opérationnel prévu était le suivant: quatre missions opérationnelles de 50 jours entrecoupées de 40 jours, dont trente pour l'entretien du matériel et dix pour la préparation de l'équipage. Chaque sous-marin avait deux équipages opérationnels et une équipe de soutien technique était chargé de leur entretien une fois de retour. Au départ, il ne s'agissait que la 32ème TEPL. Mais avec le temps elle a d'abord été divisée en deux (TEPL 32 pour les 705, 521 pour les 705K). Puis le 1er septembre 1983, elles ont été divisées en six. Parmi les équipages, on trouve les 168
A la mise en service du K-64, le soutien à quai prévoyait le rechargement du réacteur, le système de maintien en chaleur du fluide caloporteur, la fourniture de courant triphasé 400 Hz pour notamment maintenir les frigos vivres à - 18°C. Mais toute cette infrastructure n'était pas prête ni à la mise en service du K-64, ni pour l'arrivée du K-123 sept ans plus tard. Deux bâtiments de servitude sont alors affectés à la 6ème diviziya, le RES-417 pour l'électricité, le PKZ-29 pour la vapeur, une chaudière DKVR 10/16 étant par la suite mise en service pour le maintien en température du liquide caloporteur.
Sept unités sont construites entre 1971 et 1981, quatre à Leningrad au chantier Sudomekh, trois chez Sevmash à Severodvinsk. Une huitième coque aurait été abandonnée en cours de construction au chantier Sudomekh.
Mais tout ceci devait se révéler tout à la fois trop en avance pour les capacités technologiques de l'époque, et très cher. Le fluide caloporteur devait toujours être conservé à haute température pour rester liquide, ce qui notamment impliquait à quai un soutien en énergie important, et réduisait les ports d'escale possibles. Le tout ne pouvant être mis en oeuvre et soutenu que par du personnel très hautement qualifié.
Ce projet aurait dû apporter un avantage tactique important à la marine soviétique, mais il s'est révélé une catastrophe technologique et un gouffre financier incroyable (105 millions de roubles l'unité, soit 7 fois plus qu'un projet 627 Kit November!). D'autres classes plus souples d'emploi permettant leur emploi sur des théâtres opérationnels plus éloignés lui seront aussi préférées.
PS: certains équipages ont été formés entre onze et quatorze ans avant la mis en service !